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Fischler Un accord en juin sur la PAC renforcerait l'UE à l'OMC

BRUXELLES, 18 mai (AFP) - En butte à une farouche opposition emmenée par la France, le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler est convaincu qu'un accord dès juin sur une réforme de la politique agricole commune (PAC) renforcerait la position de l'UE à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Dans cette perspective, M. Fischler a réaffirmé dans un entretien à l'AFP la nécessité à ses yeux de voir l'Union européenne s'engager à "découpler totalement" dès 2004 les subventions qu'elle verse directement à ses paysans du niveau de leur production, élément le plus controversé de son projet.

Alors que Paris rejette aussi son idée d'une dégressivité des aides directes à partir de 2007, le commissaire juge au contraire une telle mesure inéluctable pour assurer la stabilité à long terme de la PAC et le partage des "tranches du gâteau" entre les 25 pays de la future UE élargie.

"Si nous voulons tirer les négociations à l'OMC dans notre sens, nous devons agir maintenant, nous ne pouvons attendre", a déclaré Franz Fischler, pour qui "une majorité d'Etats membres de l'UE sont d'accord que juin est la meilleure date possible pour décider" d'une réforme de la PAC.

L'UE réclame la prise en compte d'une série de revendications "non commerciales" (protection des appellations d'origine, etc) dans les pourparlers sur la libéralisation des échanges à l'OMC prévus en septembre à Cancun (Mexique).

Pour le commissaire à l'Agriculture, entériner d'ici là la réforme de la PAC offrirait "un capital supplémentaire" pour "influencer" les discussions, face aux Etats-Unis et aux 17 pays libéraux du Groupe de Cairns.

Selon lui, un accord rapide éviterait aussi une interférence du dossier "avec les négociations sur les futures perspectives financières" de l'UE pour l'après-2006, date d'échéance de l'actuel budget communautaire.

Dans le cas contraire, M. Fischler évoque le "risque" de voir remis en cause l'accord sur le financement de la PAC pour 2007-2013, conclu en octobre 2002 par les Quinze suite à un compromis franco-allemand. "Il est très probable alors que le secteur y perdrait dans ces négociations", a-t-il estimé.

L'insistance du commissaire à boucler au plus vite les pourparlers sur la réforme n'entame pas sa détermination sur le découplage des aides. "Il faut décider que, si on découple, on découple totalement", a-t-il défendu, en dépit du refus ou des réticences d'une dizaine d'Etats membres.

Il a admis la possibilité d'exceptions très ciblées pour des productions menacées comme le riz ou le blé dur. Mais il rejette toujours l'idée, avancée par des pays comme l'Espagne ou l'Allemagne, d'un "découplage partiel" qui épargnerait certaines productions ou s'appliquerait à toutes mais dans une proportion variable. "Le concept de découplage partiel n'est pas une bonne chose", a-t-il insisté.

Il a aussi mis en garde contre des scénarios susceptibles d'entraîner "un important transfert d'argent" des productions à haut rendement vers les moins rentables. "D'autres modèles créeraient plus de bureaucratie et n'apporteraient aucune simplification. Ce serait la pire des choses à faire", a-t-il ajouté.

Les positions semblent encore moins conciliables sur la dégressivité des aides. M. Fischler la défend comme "future source de financement de nouvelles réformes". La France, principale bénéficiaire de la PAC actuelle, la rejette pour cette raison.

Pour le commissaire, la dégressivité est la "conséquence logique" de l'accord de Bruxelles d'octobre. Ce compromis prévoit de plafonner les aides directes après 2006. Mais avec l'élargissement, il va obliger l'UE à partager à 25 ce dont elle disposait auparavant à 15.

"Si la taille du gâteau est fixée, on ne peut plus décider que celle que ses différentes tranches devraient avoir", selon Franz Fischler.


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